La petite histoire de la variété de consoude Bocking 14.

Cette histoire est «anglaise » et démarre en 1771.

Première étape : Joseph Busch cultive de la consoude au palais de Saint Petersbourg :

Un plant de consoude hybride Bocking 14 En 1771 un pépiniériste anglais, Joseph Busch, vend son affaire et est engagé comme chef jardinier par Catherine II de Russie (1729-1796) au palais de Saint Petersbourg (il s’occupait aussi d’autres jardins dont un proche de Moscou)


Il s’intéressa à la consoude présente dans les jardins du palais comme plante ornementale.


Pour des raisons esthétiques (et parce qu’elles poussaient bien sous ce climat rude) il planta des consoudes à fleurs bleu-ciel (Symphytum Asperum) à côté de consoudes à fleur jaunes (Symphytum officinale). Les fleurs de ces plantes se croisèrent naturellement.



Etape 2 : Henry Doubleday (1810-1902) importe de la consoude de Russie et la commercialise dans de nombreux pays du monde :

Après avoir fait plusieurs métiers Henry Doubleday devint fabricant de colle pour les timbres-poste. Il utilisait de la gomme arabique pour sa fabrication. L’approvisionnement en gomme arabique étant difficile il chercha une solution locale avec une culture pouvant se faire en Angleterre. Il lut un article présentant la consoude parlant du taux de mucilage élevé contenu dans la consoude. Il pensa que c’était, peut être, une solution possible à ses problèmes d’approvisionnement et écrivit au chef jardinier de Catherine 2 de Russie. Le successeur de Joseph Busch lui expédia des boutures.
L’histoire dit que le chef jardinier rechignât à expédier ses beaux plants de consoude et déterra de petits plants qui avaient germé entre les rangs. Il s’agissait de plants issus du croisement naturel de Symphytum Asperum et de Symphytum Officinale.

C’étaient des hybrides naturels, des hybrides F1. Henry Doubleday planta ces consoudes dans sa commune de Cogesshall (Essex).
La fabrication de colle échoua et Henry Doubleday perdit son marché.
Néanmoins Henry Doubleday fut « émerveillé » par cette plante et par toutes ses possibles utilisations. Il produit lui-même de la consoude pour nourrir ses quelques têtes de bétail et il fut réellement persuadé que la consoude pouvait sauver le monde de la famine (il avait été très marqué par la grande famine irlandaise de 1845 à 1848). Il consacra les dernières années de sa vie à étudier, cultiver et vulgariser la consoude.
Grâce à ses initiatives et à celles d’autres agriculteurs, chercheurs et pépiniéristes de très nombreux articles furent écrits à cette date sur la consoude, sur les rendements, sur les méthodes culturales, sur les utilisations possibles. La consoude connut son heure de gloire en Angleterre à la fin des années 1800 et au début des années 1900 (de 1870 à 1910).

Etape 3 de 1900 à 1948 : Peu de recherche sur la consoude

Cultivar de consoude Bocking 14


Durant cette période de nombreux agriculteurs partout dans le monde cultivèrent de la consoude à partir des boutures provenant, pour la plupart, du stock de Henry Doubleday. Les résultats étaient très variables en fonction des sols et du climat. Peu de recherches furent effectuées durant cette période.



Les coûts d’implantation de la culture de consoude étant relativement élevés (pas de graines), les prix agricoles étant très bas la culture de la consoude connut en Angleterre une décroissance de 1900 jusqu’à la guerre 1939-1945.



Etape 4 de 1948 à 1955 : Lawrence Hills crée la HDRA pour vulgariser la consoude et l’agriculture bio

Lawrence Hills vit son premier pied de consoude en 1948 et fut conquis. Il devint, comme c’est assez souvent le cas «fan de consoude ». A partir de ce moment, écrit-il, je n’ai plus jamais vécu à plus de 100 pieds (environ 30 mètres) d’un plant de consoude.


Il rédigea de très nombreux articles et des livres sur la consoude. Un de ses livres «comfrey past present and future » reste la bible des «fans de consoude »


En 1954, pour réaliser des essais sur la consoude il créa la «Henry Doubleday Research Association » (HDRA)en mémoire de Henry Doubleday.